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Substances naturelles

Certains produits naturels possèdent une activité pouvant être utilisée dans le même but que des produits phytosanitaires de synthèse. Certains d’entre eux sont déjà au point, comme le soufre et sont couramment utilisés dans le vignoble. D’autres ont montré un intérêt particulier, comme les polyphénols de sarments ou les micro-doses de sucres ajoutées aux fongicides. Enfin, de nouvelles pistes méritent d’être explorées.

Production de composés bioactifs issus de sous-produits de la viticulture

Les projets engagés ont pour objectif de développer les produits naturels biologiquement actifs de la vigne par la valorisation de déchets issus de l’industrie viticole et par des outils de biotechnologies. Ils ont permis de déterminer les composés fongicides les plus actifs, certains étant présents dans les extraits de sarments. Au cours du projet ACTISARM (financement FranceAgriMer, Région Centre, Interloire), le laboratoire BBV (Biomolécules et Biotechnologies Végétales - Université de Tours) et l’IFV Amboise, ont pu montrer le potentiel des extraits de sarments comme source de stilbénoïdes pour des applications en agriculture et en santé humaine.

Actisarm : Extraits de sarments comme biofongicide

Quatre résultats majeurs ont été obtenus 

1) Suite à la purification des stilbènoïdes de sarments non disponibles commercialement, une méthode de quantification par LC-MS (chromatographie liquide couplée à la spectrométrie de masse) a permis de déterminer la concentration absolue pour huit stilbènoïdes dans les cépages majoritaires en Val de Loire. La composition en stilbènoïdes s’est révélée caractéristique de chacun des cépages testés.

2) Après la taille de la vigne, les monomères de stilbènoïdes, t-resveratrol et t-picéatannol, voient leur concentration fortement augmenter au cours du stockage de façon thermo-dépendante. Ainsi, l’utilisation de sarments comme source de stilbènoïdes requiert une période de stockage minimale de six semaines à 20°C.

3) La pression parasitaire au cours de la croissance de la vigne a un fort impact sur la teneur en stilbènoïdes contenue dans les bois de taille d’hiver. Ceci explique en partie les problèmes de variabilité liés au sourcing observés par les industriels utilisant les sarments comme source de stilbènoïdes.

4) Les biotests in vitro ont montré que les extraits de sarments ont une bonne efficacité anti-mildiou et que certains stilbènoïdes, comme le ptérostilbène, sont efficaces contre des levures pathogènes d’intérêt clinique mais absents des sarments. Au champ, une dose de 8g/L d’extrait pulvérisée de façon hebdomadaire permet de protéger efficacement la vigne vis-à-vis du mildiou pour des pressions parasitaires modérées.

     

Résultats 2014

L’extrait de sarment montre une efficacité intéressante. Il a permis tout au long de la saison 2014 de diminuer les symptômes de moitié. Certes moins efficace que les fongicides AB et Conventionnel, il a tout de même maintenu la vigne dans un état physiologique satisfaisant. Son efficacité semble être égale à 50% à celle de la Bouillie Bordelaise.

Résultats 2015

Au cours de la saison 2015, après 2 traitements, aucune contamination n’a été observée, que ce soit sur les témoins non traités ou les modalités d’essais. Il a été décidé de laisser passer les pluies contaminatrices sans traiter afin de laisser le mildiou s’installer. Malgré une protection inexistante, aucune contamination n’a été observée tout au long de la saison. La pression mildiou est restée très faible ou faible à Amboise tout au long de la saison. De ce fait, aucun comptage n’a pu être réalisé.

Des articles dans Terre de Touraine et Réussir Vigne, datant tous deux de mars 2016, appuient ces propos et évoquent les essais prometteurs qui prouvent l'efficacité des extraits de sarments.

Résultats 2016

L’extrait brut de polyphénols de sarments Actisarm a pu, dans le cadre d’une pression modérée, limiter le nombre et l’intensité des contaminations de mildiou, sur feuille et sur grappe. Vu le contexte de l’année 2016 et une très forte pression mildiou, où même les produits homologuées n’ont pu garantir un état sanitaire convenable, il est évident que l’extrait de sarment Actisarm, présentant une efficacité intermédiaire, inférieure à ces produits, n’a pas été suffisamment efficace.

L’efficacité des polyphénols de sarments dans la lutte contre le mildiou est prouvée, confortée par l’efficacité supérieure d'un produit similaire, composé des mêmes polyphénols que Actisarm, mais purifiés et plus concentrés.

Pour accéder aux références des publications sur le sujet, cliquez ici.

Partenaires :

Université de Tours (laboratoires BBV et LEA), IFV Amboise, CETU Innophyt, Chambre d'Agriculture 37, Lycée Viticole d'Amboise, ITAB, GreenPharma 

Contacts :

Arnaud LANOUE, Enseignant Chercheur au Laboratoire Biomolécules et Biotechnologies Végétales EA2106 (Université de Tours) arnaud.lanoue(at)univ-tours.fr
Guillaume DELANOUE,  Ingénieur viticulture-œnologie à l'IFV guillaume.delanoue(at)vignevin.com

Viti'Actif

La viticulture est fortement dépendante de l’utilisation de produits phytosanitaires et doit aujourd’hui se ré-inventer afin de répondre aux enjeux actuels économiques, sanitaires, environnementaux et réglementaires.

Le recours à des produits alternatifs d’origine naturelle, sans risques toxicologiques et éco-toxicologiques, représente une des voies à intégrer pour parvenir à réduire la quantité d’intrants phytosanitaires classiques. Le projet Viti’Actif (début en janvier 2016), a pour objectif de développer des produits naturels biologiquement actifs de la vigne par la valorisation de déchets issus de l’industrie viticole et par des outils de biologie synthétique. Les travaux précédents du laboratoire BBV et de l’IFV Pôle Val de Loire ont montré le potentiel des extraits de sarments comme source de stilbènoïdes pour des applications en agriculture et en santé humaine. Ils ont permis de déterminer les composés fongicides les plus actifs, certains étant présents dans les extraits de sarments alors que d’autres non.

Le projet Viti’Actif se propose d’augmenter l’activité des extraits de sarments par criblage des stilbènoides dans une vaste collection de cépages d’une part et d’autre part, en produisant certains composés absents dans des systèmes biologiques hétérologues comme la levure.

Financement : Appel à Projets de Recherche d'Intérêt Régional (Région Centre-Val de Loire).

 

     
Photos Maison Vins de Bourgueil

Contacts :

Arnaud LANOUE, Enseignant Chercheur au Laboratoire Biomolécules et Biotechnologies Végétales EA2106 (Université de Tours) Arnaud.lanoue(at)univ-tours.fr
Guillaume DELANOUE,  Ingénieur viticulture-œnologie à l'IFV guillaume.delanoue(at)vignevin.com

Microdoses de sucre comme fongicide et insecticide

Optimisation des stratégies de biocontrôle par la stimulation de l’immunité des plantes avec des applications d’infra-doses de sucres simples

Un concept innovant de stratégie de biocontrôle générique basé sur la stimulation de l’immunité de la plante par l’application exogène d’infra-doses de sucres simples a montré une protection partielle contre des insectes et agents pathogènes. Ces résultats ainsi que la bibliographie récente ont incité les partenaires à transférer ce concept sur d’autres cultures à forts enjeux Ecophyto 2018 tout en explorant les mécanismes et facteurs de son efficacité. En effet les modes d’action ne sont pas entièrement élucidés.

Une des hypothèses suggère que l’application des sucres agit sur l’activité des microbes de surface de la plante modifiant ainsi les signaux volatils de reconnaissance de la plante hôte. Des résultats très encourageants sur cet effet de diminution de préférence de ponte sur la plante hôte.

Le projet USAGE (2012-2014), financé par l'ONEMA (Office National de l'Eau et des Milieux Aquatiques) a permis de tester cette méthode en conditions contrôlées et au champ et d’observer une efficacité agronomique sur différents couples culture/bioagresseur: pommier / carpocapse, vigne / mildiou, melon / pyrale, maïs / pyrale.

Les essais conduits en conditions semi-contrôlées et au champ indiquent que le fructose et le saccharose (100 ppm) permettent de réduire les doses de cuivre (Arnault et al., 2013) avec des effets différents selon les cépages. Ainsi au champ sur Gamay et Cot, pendant les 3 ans du projet, le fructose 100 ppm a amélioré l’efficacité de l’hydroxyde de cuivre appliqué à 1/4 dose, sur grappes et feuilles. Cette efficacité est similaire à la référence cuivre en cas de pression modérée du pathogène. En cas de fortes attaques, la référence cuivre présente toujours la meilleure protection. Par ailleurs, aucun effet non intentionnel aggravant de l’application du fructose sur les acariens auxiliaires dans la vigne n’a été observé.

Dans le cadre du projet SWEET (début 2016 - financement CASDAR), des essais réalisés en Val de Loire et dans la région Bordelaise permettront de valider les résultats acquis concernant l’efficacité d’infra doses de sucres vis-à-vis du mildiou et des vers de grappe.

Pour accéder aux références des publications sur le sujet, cliquez ici.

     

Forts de ces résultats acquis au cours du projet USAGE financé par l'ONEMA dans le cadre d'Ecophyto 2018 et de l’homologation du saccharose en substance de base, les partenaires du projet SWEET, soutenus par le RMT ELICITRA, souhaitent poursuivre le screening des applications de plusieurs sucres sur différents bioagresseurs dont la cicadelle verte.

Pour cela, trois actions sont mises en œuvre au niveau de la vigne :

1. Meilleure compréhension des mécanismes

  • observer les "états de défenses ou d'immunité"
  • interactions possibles avec des micro-organismes épiphytes
  • effets physiologiques des applications racinaires et effets variétaux

2. Optimiser les stratégies d'application au champ

  • contre le mildiou, black-rot, vers de la grappe, cicadelle de la flavescence dorée

3. Valoriser, homologuer les substances et diffuser les résultats

  • constitution et dépôt de dossiers d'approbation de substance de base
  • réalisation de demandes d'extension d'usage
  • réalisation de dossiers d'inscription au règlement de la production biologique (CE n°889/2008)
  • fiches techniques 

Financement : CASDAR

ContactIngrid.arnault(at)univ-tours.fr

Partenaires :

CETU Innophyt, IRBI, ADABio, Arvalis, CAPL, Chambre d’Agriculture 37, Invenio, GRAB, IFV Bordeaux, INRA Versailles, INRA Avignon, ITAB, Sileban, INRA Angers, Chambre d’Agriculture 89, UCEIV, UMR PIC , Université Perpignan, vinOpôle Centre-Val de Loire.

Contact :
Ingrid ARNAULT, Responsable du centre d'expertise Innophyt (Université de Tours) - Ingrid.arnault(at)univ-tours.fr

Substances minérales

Lutte alternative contre la cicadelle verte par pulvérisation de Kaolinite sur Cot et Cabernet franc

La kaolinite calcinée est une argile qui blanchit le feuillage, le rendant moins appétant pour les cicadelles vertes, mais néanmoins sans les tuer.

En Loir-et-Cher, la cicadelle verte est un ravageur qui s’attaque préférentiellement au Cot nécessitant un passage d’insecticide spécifique début août.

En Indre-et-Loire, la cicadelle verte s’attaque préférentiellement au Cot mais peut être un problème sur certains secteurs de Cabernet franc nécessitant également un passage d’insecticide spécifique début août.

Les fermes DEPHY engagées dans la réduction du recours aux produits phytosanitaires ont souhaité valider une méthode de lutte alternative : la pulvérisation de kaolinite calcinée. Consultez la carte du réseau DEPHY du Loir-et-Cher pour connaître la localisation des fermes engagées.

 

Contacts :
Alice DURAND-REUMAUX
- Conseillère viticole-œnologue à la Chambre d'agriculture du 41- alice.reumaux(at)loir-et-cher.chambagri.fr
Adeline MALLET - Conseillère viticole-œnologue à la Chambre d'agriculture du 37 - adeline.mallet(at)cda37.fr  

Cicadelle verte - photo blog Didier 85
     

Résultats acquis/ en cours d’acquisition :

En Loir-et-Cher

Sur Cot, 2 applications de kaolinite sont faites début juillet au 2ème pic de vol du piégeage des cicadelles adultes.

Les comptages de larves montrent que la vigne traitée avec 2 applications de 20 kg de kaolinite a des populations de larves de CV divisées par 2. Et ce, sans usage d’insecticide par rapport au témoin. Le taux de grillure et les populations de larves sont équivalents à la parcelle de Cot voisine traitée au Stewart.

Les contrôles de maturité ont montré que la kaolinite ne perturbe pas la photosynthèse et que la grillure du feuillage est sans incidence sur la maturation.

En Indre-et-Loire

Sur Cabernet franc, 2 à 3 applications de kaolinite sont faites dès le mois de juin pendant la progression du pic de vol du piégeage des cicadelles adultes. Les comptages de larves montrent que la vigne traitée avec 8 à 12 kg de kaolinite a des populations de larves de CV divisées par 2, voir par 5, sans usage d’insecticide par rapport au témoin. Les taux de grillure sont également divisés par deux ou trois. Des résultats similaires ont été obtenus en 2013 et 2014 sur quatre parcelles sensibles de Bourgueil.

Après 3 années d'expérimentation de la kaolinite calcinée, un bilan a été rédigé en mars 2016 par la Chambre d'Agriculture d'Indre-et-Loire. Celui-ci permet d'observer l'efficacité de ce traitement pour lutter contre les larves de cicadelles vertes.

La Chambre d'Agriculture a rédigé un article concernant l'utilisation de la Kaolinite dans les fermes DEPHY 41, à retrouver ici

La Chambre d'Agriculture du Loir-et-Cher vous propose une vidéo pour distinguer les larves de cicadelles vertes de celles de la flavescence.

Grappe de Cot
Grillure sur feuillage - Photo Alice Reumaux